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Il est des morts qui interrogent et scandalisent. Remi Fraisse, 21 ans est mort pendant la nuit du 25 octobre, et c’est tout un pays qui assiste au spectacle navrant de la récupération politique et de l’absurdité des mots prononcés. Le jeune militant écologiste, pacifiste, est mort à la suite de l’explosion d’une grenade lancée par la police aux manifestants venus protester contre la construction d’un barrage à Sivens dans le Tarn.
Le projet est surdimensionné. Il implique 8,5 millions d’euros, ainsi que la destruction de 13 hectares de nature abritant plus d’une dizaine d’espèces, et le gaspillage de plusieurs milliers de tonnes d’eau pour construire un barrage.
Protéger un trésor de biodiversité
Depuis plusieurs semaines, des militants écologistes ET pacifistes occupent le terrain, proposant des ateliers, discussions, forums, permettant d’envisager un avenir où se mêleraient le progrès et la protection de l’écosystème. Malheureusement, d’autres groupes, violents et acharnés (on a noté la présence par exemple d’Action directe, groupe armé anarcho-communiste, fondé en 1979) ont imposé leur présence à Sivens samedi soir, provoquant un climat de violence inattendu et ingérable.
C’est finalement Remi, passionné de botanique et de nature, qui a perdu la vie, à la suite de plusieurs heures de rapport de force entre police et manifestants.
Un état qui se dédouane
Les réactions faisant suite à cet évènement tragique ne se sont pas faites attendre. François Hollande appelle à la compassion et à l’apaisement, pendant que Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, ose réfuter l’idée d’une bavure policière.
Pendant ce temps là, Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, assène, dans le quotidien régional la Depêche : « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête ». En est-on vraiment là ? Carcenac pense t-il réellement qu’un jeune homme de 21 ans était prêt à perdre la vie à Sivens le 25 octobre, pour défendre l’idée d’un monde respectueux de l’environnement et sans violence? Nul ne devrait juger quelqu’un qui meurt pour ses idées, et nul ne devrait pouvoir se permettre d’imputer à un mort la volonté d’en finir avec la vie, sans preuve à l’appui.
Faire parler les morts est une perversion, juger de leurs actes sans avoir pris connaissance de leurs engagements est un scandale. Il nous est souvent donné d’entendre de vives critiques, émanant de toutes parts, reprochant aux jeunes leur manque d’engagement citoyen, pour leur addiction prétendue aux technologies et leur désintérêt pour les enjeux de société. Et voilà qu’un politique juge les prétendus engagements de Remi Fraisse. Alors Remi serait-il mort pour rien? Pour que l’on discrédite l’engagement des jeunes écologistes et de ceux qui luttent pour rendre notre monde plus humain, respectueux, respirable ? Comment peut-on espérer un quelconque apaisement en entendant des inepties pareilles?
Affaire de gros sous et violence policière
Nous sommes dans un pays au sein duquel il est encore possible de mourir en manifestant, au sein duquel les thèses écologistes n’ont aucun poids face aux géants de l’industrie; nous vivons dans un monde qui privilégie son économie au détriment de son environnement. Nous avons construit une société au sein de laquelle la violence policière est ne suscite bien souvent que l’indifférence de l’état. Et qui ne dit mot consent. Aujourd’hui, on se demande comment cela a pu arriver, on se jette la pierre ici et là… Et en pleurant Remi, on peut aussi s’autoriser à pleurer les voix de milliers de citoyens militants, qui ne seront probablement jamais entendues.
Collectif de sauvegarde pour la zone humide du TESTET
Pétition de soutien à Philippe Layat, exproprié de ses terres par le Grand Lyon et OL Group pour la construction de l’OL Land.
Site de l’association NOVISSEN qui lutte contre la création de la plus grande ferme-usine de France, dite la Ferme des 1000 vaches.
On the 25th of october, Remi Fraisse, a young ecologist, has died because of a grenade thrown by the police forces against the demonstrators who were protesting against the building of a dam in Sivens, Tarn (south of France). Remi was a non-violent activist, who had a passion for wild life and botanics.
On the night between the 25th and the 26th of october, the demonstration on the construction site degenerated, with the arrival of extremist groups, such as Action Directe, whose presence increased the tensions between the activists and the police forces.
Police brutality and government indifference
Today, It is really hard to accept that a young student died in a place which was formerly occupied by peaceful militants who organised debates, picnics, and awareness campaigns towards the issue of ecology and environment. It is always a tragedy when a young person dies, but this time, it seems like Remi has been killed by forces which are supposed to protect citizens, and that his death won’t even serve the cause he fought for. It is heartbreaking to know that the dam will be built anyway, in spite of its uselessness. It has been proved by very recent studies that the project is oversized, that it will cost millions of euros, waste tonnes of water and destroy several hectares of land and more than ten species. But it is too late, according to the people in charge, because the project is already on its way.
How to cope now with the absurdity of such projects? How to accept that we are destroying our environment in favour of infrastructures which are to benefit industries? How to swallow the death of a young non-violent student, who was committed to social responsibility ?
Let’s not shrink and give up on ideals, let’s work on a society which promotes tolerance, a sense of community and the protection of our environment.