À l’heure où le corona virus monopolise la une des média et suscite de plus en plus d’inquiétudes au sein de la population, nous sommes nombreux à nous demander si la peur de la pandémie est bien rationnelle…En réalité, ce phénomène est loin d’être inédit. Petit retour sur les épidémies qui ont marqué l’histoire.
Le corona virus, ou SARS-Cov2, a été détecté pour la première fois dans la province de Hubei en Chine, en décembre 2019. Les chauves-souris en seraient le réservoir. Le virus provoquerait de graves infections respiratoires pouvant causer la mort. Depuis, le nombre de personnes touchées par le virus ne cesse d’enfler et la panique gagne peu à peu les différents pays. Mais ce n’est pas la première fois que l’humanité est confrontée à une telle situation. À travers les siècles de nombreuses pandémies ont affolé les populations.
La peste
La peste noire ou peste bubonique (contractée par une piqûre de puce ) est peut-être l’une des épidémies ayant fait couler le plus d’encre. Causée par la bactérie Yersinia pestis, elle a fait des victimes aussi bien chez les hommes que chez les animaux. De nombreuses oeuvres littéraires y font référence. De La Fontaine à Albert Camus en passant par Antonin Artaud, elle a nourri l’imaginaire autant qu’elle a suscité de traumatismes. Apparue pour la première fois dans le bassin méditerranéen en 541-542, elle a fait des ravages à travers le monde jusqu’en 1720 à Marseille, date de sa dernière manifestation en Europe. En tout, la peste a fait environ 50 millions de morts en cinq siècles. On la trouve aujourd’hui encore dans quelques régions du monde : en Inde, en République démocratique du Congo ou encore en Ouganda entres autres.. Mais que l’on se rassure : de nos jours, celle-ci se soigne facilement grâce à des traitements antibiotiques.
À la vérité, tout leur devenait présent. Il faut bien le dire, la peste avait enlevé à tous le pouvoir de l’amour et même de l’amitié. Car l’amour demande un peu d’avenir, et il n’y avait plus pour nous que des instants.
Albert Camus, La peste, 1947.
La grippe espagnole
La grippe espagnole s’est répandue à travers le monde en 1918-19. Probablement venu de Chine, le virus causa la mort de plus de 50 millions de personnes en 2 ans, faisant de la grippe espagnole l’épidémie la plus mortelle de l’histoire à l’échelle mondiale. Elle fut plus mortelle encore que la guerre de 14-18 ! Guillaume Apollinaire y aurait d’ailleurs succombé. Les premiers cas mortels furent découverts aux États-Unis à Boston en 1918 et l’épidémie devint pandémie en à peine quelques mois. Longtemps, son origine n’a pu être démontrée, mais les chercheurs estiment aujourd’hui qu’il devait s’agir d’un virus de souche H1N1, d’origine porcine ou aviaire (virus touchant les oiseaux sauvages). Notons que la maladie fut nommée “grippe espagnole” à tort… L’Espagne étant à l’époque le seul pays a avoir fait preuve de transparence quant aux cas déclarés à l’intérieur de ses frontières, à une époque où les Etats-Unis ou la France gardaient confidentielles les informations relatives à leur situation sanitaire…
Le sida
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a été découvert pour la première fois aux États-Unis au début des années 80. À l’époque, on parle de maladie des 4H pour homosexuels, héroïnomanes, hémophiles et Haïtiens — on soupçonnait alors le virus de trouver ses origines en Haiti. La première journée mondiale de lutte contre le sida a lieu en 1988, alors que déjà plus de 150 000 personnes sont touchées. Deux ans plus tard, Freddy Mercury succombe à la maladie. Les premiers traitements de tri-thérapies sont dispensés à partir de 1995, alors que le nombre de personnes touchées dans le monde s’élève à plus de 50 millions. À partir de ce moment, le nombre de personnes qui meurent du sida décline. À partir de 2001, des traitements génériques sont mis en vente sur le marché, permettant à de nombreux malades – y compris dans les pays pauvres – de se soigner. Depuis 2012, le Truvada – traitement préventif contre le VIH – est commercialisé.
Ebola
L’épidémie de fièvre Ebola a été identifié pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo, près d’une rivière au nord du pays. Les responsables de la propagation du virus seraient les chauve-souris, qui, en contaminant d’autres animaux, transmettraient le virus aux humains. Ebola ne se transmet pas par voix aérienne mais par contact humain et se manifeste par de brusques montées de fièvre, souvent fatales. Partie de Guinée du Sud en 2013, l’épidémie a ravagé les pays d’Afrique de l’Ouest jusqu’en 2016, révélant les inégalités politiques et sociales entre les différents pays du continent africain. À ce jour, le virus Ebola n’a pas été éradiqué, causant de nouveau (depuis 2018) la mort de centaines de personnes en République démocratique du Congo. Véronique Tadjo, écrivaine ivoirienne, a signé en 2017 En compagnie des hommes, un roman faisant état de la tragédie contemporaine causée par Ebola.
” On ronge la forêt, on réduit le territoire des animaux, les chauve-souris sont des porteuses saines du virus Ebola mais à cause de la déforestation, elles ne retrouvent plus leurs arbres… Elles se rapprochent alors des hommes avec de terribles conséquences. Le virus Ebola n’est pas loin puisque la déforestation progresse et que nous entretenons un rapport malsain à la nature.”
Véronique Tadjo, En compagnie des hommes, éditions Don Quichotte, 2017.
Un éclairage sur l’épidémie qui ouvre de nouvelles perspectives et donne à penser la manière dont l’homme traite son environnement et cherche à enrayer les pandémies. À travers les siècles, les épidémies ont fasciné autant qu’inquiété les hommes, comme en témoignent les divers textes littéraires et autres expressions artistiques qu’elles ont inspiré. Aujourd’hui, le Corona virus pousse l’économie mondiale à ralentir et empêche la Chine de faire commerce et de consommer des animaux sauvages. On note également une baisse spectaculaire du taux de pollution dans le pays, due aux restrictions imposées aux transports et aux entreprises. Une éclaircie non négligeable et des enseignement à retenir dans cette période trouble.
Ton article est très clair et instructif. J’aime bien ton analyse sur la correlation entre virus et environnement. L’apparition des virus n’est pas une fatalité mais le résultat de l’inconséquence de l’humanité.
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Moi. J’ai lu La Peste. 🙂
Bonne journée à vous.
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