En France, on a peu parlé au mois de février de l’assassinat d’Ahmaud Arbery. Le jeune homme, qui aurait eu 26 ans le 8 mai, a été abattu de deux balles alors qu’il faisait un footing le 23 février 2020. Ses assassins ? Deux hommes armés, qui l’ont pris pour un cambrioleur…
On aimerait pouvoir dire que le fait qu’Ahmaud soit noir, et que ses assassins, Gregory McMichael et son fils Travis soient blancs n’a aucune importance dans cette histoire. Malheureusement, les États-Unis sont un pays toujours grangréné par le racisme. Preuve en est : il aura fallu attendre plus de deux mois pour que les McMichael soient inculpés.
Arbery habitait à Brunswick. Située dans l’état de Georgie, au sud des États-Unis, cette région porte aujourd’hui encore les stigmates d’un lourd passé ségrégationniste. L’après-midi du 23 février, le jeune homme était parti faire son jogging comme tous les jours. Sur la vidéo de son assassinat, on le voit courir le long d’une route. Après un virage, un pickup blanc. Gregory et Travis McMichael semblent attendre Ahmaud Arbery de pied ferme. En les voyant, Arbery contourne le pickup, avant d’être touché par une première balle, puis une deuxième. Il s’écroule au sol, mort.
Gregory McMichael est un ancien policier qui avait prétendument mené une enquête sur Arbery par le passé. Il semblerait donc que père et fils se soient acoquinés pour poursuivre les recherches de leur côté et faire régner la justice eux-même. Aujourd’hui, on ne connait toujours pas précisément les raisons de cet assassinat. Les McMichaels soutiennent qu’Arbery était un cambrioleur connu “qui se pavanait dans le quartier”.
Outre les débats sur le port d’arme aux État-Unis, toujours vivace, le fait qu’il ait fallu 74 jours à la justice pour arrêter les McMichaels, pourtant mis en cause de manière évidente par la vidéo de l’assassinat postée en ligne, témoigne de l’indifférence des institutions américaines pour ses citoyens Afro-Américains.
Après le buzz engendré par la vidéo du meurtre d’Arbery sur les réseaux sociaux, personnalités, sportifs et anonymes se sont mobilisés pour que la lumière soit faite sur cette affaire. Des rassemblements ont été organisés et différents hashtags rendant hommage à la victime ont vu le jour sur les réseaux, dont #IRunWithMaud. Le 8 mai, en plein confinement, des des joggeurs du monde entier sont sortis de chez eux pour courir une distance de 2,23 miles ( 2/23 étant la date de l’assassinat) en guise d’hommage.
Aujourd’hui, les Afro-Américains doivent une fois encore composer avec l’absence de protection des forces de l’ordre de leur communauté. L’impunité dont ont jouit jusqu’à maintenant les McMichaels démontre le peu d’indignation suscitée par le fait que deux hommes blancs armés abattent de sang froid un homme noir, non armé. Heureusement, Donald Trump a su trouver les mots justes, qualifiant le 11 mai, la situation de “très très troublante”.