“We have it totally under control”: qu’est-ce qui a coûté son deuxième mandat à Donald Trump ?

En février 2020, la courbe de popularité de Donald Trump était encore au plus haut. Pourtant, c’est Joe Biden, son opposant démocrate, qui a remporté les élections présidentielles américaines le 7 novembre dernier. Que s’est-il passé ces derniers mois ? Retour sur la chute du 45 ème président des États-Unis.

L’année 2020 a été tumultueuse aux États-Unis. Le pays a été marqué par l’arrivée de la pandémie de coronavirus, longtemps sous-estimée par le gouvernement, mais également par les rassemblements liées au mouvement Black Lives Matter, suite à l’assassinat d’Ahmaud Arbery, de Breonna Taylor puis de George Floyd le 25 mai 2020. Ces manifestations, sévèrement réprimées par la police, ont donné à voir un pays profondément divisé.

I can't breathe

En jeu, un racisme systémique hérité de plusieurs siècles d’oppression des “African-Americans” mais également des visions politiques divergentes au sein de la population. Du libertarianisme américain, représenté par une frange du parti républicain, qui érige la liberté individuelle au rang de droit naturel incontestable (et le droit à la défendre grâce, notamment, aux armes à feu, dont la détention est autorisée par le 2ème amendement de la constitution), à une opposition viscérale à l’intervention du gouvernement fédéral au niveau social ainsi qu’à des politiques favorables aux minorités (une vision portée par Trump et ses sympathisants), en passant par la volonté des démocrates d’instaurer des réformes progressistes (en faveur des LGBT, du droit à l’avortement, des droits des immigrés, de l’égalité des chances, du contrôle des armes etc.), le pays est tiraillé. Ces opinions contradictoires viennent questionner les valeurs profondes du peuple américain et interroger les liens qui permettent aux États-Unis, territoire immense et hautement hétérogène, d’exister en tant que nation.

Pourtant, 2020 semblait bien commencer pour Donald Trump. En début d’année, les indicateurs laissaient présager augurer une réélection pour le candidat républicain. Mais au printemps, le ciel s’est assombri pour “President Tweety“.

Black Lives Matter

Né en 2013, le mouvement Black Lives Matter (BLM) a remis la question de la violence policière au centre des préoccupations et des débats politiques. Au printemps 2020, les rassemblements pour défendre le droit des minorités raciales et demander des enquêtes suite à l’assassinat de trois jeunes hommes Noirs se sont multipliés aux États-Unis.

Black Lives Matter protest

Vilipendé par Donald Trump qui l’a qualifié de “propagande toxique“, le mouvement et les réactions qu’il a engendré ont nourri une guerre culturelle et idéologique qui n’a pas été sans conséquences pour la campagne présidentielle du président au pouvoir.

Le rôle des millenials et des minorités

La jeune génération, en partie composée d’élécteurs qui étaient mineurs lors des élections de 2016, a répondu à l’appel du mouvement et, en 2020, a voté pour le parti démocrate. C’est ainsi que Biden a remporté haut la main le suffrage des moins de 30 ans, préoccupés par l’égalité raciale et le réchauffement climatique, autre enjeu majeur négligé par Trump.

Les personnes racisées ont également voté en masse pour Joe Biden (entre 73 et 82 %) et fait peser la balance en sa faveur dans les états habituellement considérés comme bastions du parti républicain, comme la Géorgie ou l’Arizona, et dans les ‘swing states‘, ces états pivots ( à l’image de la Virginie, de la Floride, du Michigan ou encore du Maine, pour ne citer qu’eux) connus pour leur capacité à basculer d’un camps à l’autre selon les élections.

Le poids de la pandémie

Trump coronavirus

Autre évènement imprévu ayant joué en défaveur du président républicain : la pandémie de coronavirus. Durant les derniers mois, Trump s’est illustré par ses réactions inappropriées face à la catastrophe sanitaire et par sa désinvolture face aux conséquences dramatiques entraînées pour une partie importante de la population américaine. De son refus de porter le masque à sa manie de minimiser l’impact du virus, le président semble avoir totalement abandonné les citoyens américains, dont certains ont tout perdu cette année. On estime en effet à 50 millions le nombre de personne licenciées depuis le début du mois de mars. Et en pleine pandémie, ce sont donc autant d’américains qui ont perdu leur couverture santé.

Un système fragile de protection santé

Le 27 mars, le congrès a passé le CARES Act, allouant la somme de 1200 dollars aux personnes touchées par les licenciements et le chômage. Une aide bien insuffisante, qui n’a pu empêcher le taux de pauvreté de grimper en flèche au cours des derniers mois, atteignant 18 % à l’été 2020. En parallèle, Trump a continué sa croisade contre l’Obamacare, programme instauré par son prédécesseur, entré en vigueur en 2014. Une politique qui a permis à 20 millions d’américains d’avoir accès à une couverture santé. Depuis son arrivée au pouvoir, Trump n’a cessé de taxer cette réforme d’anticonstitutionnelle, ce “désordre institutionnel” et s’est battu pour son renvoi à la Cour Suprême, qui décidera de son sort fin 2020. À ce jour, 27 millions d’américains seraient toujours sans protection santé…

En pleine pandémie, dans un pays divisé, révolté, où le principe de couverture santé gratuite est sans cesse remis en question, il ne fait aucun doute que la propagation du coronavirus a porté préjudice au clan Trumpiste, mettant en lumière son incapacité à gérer la crise sanitaire. Aux États-Unis, 230 000 personnes seraient déjà décédée des suites du covid…


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