
Le 6 juillet, je me rendais au rassemblement contre les féminicides place de la République à Paris. Ce jour-là, nous avons été nombreuses et nombreux à nous recueillir et à nous insurger contre les violences faites aux femmes mais surtout, à dénoncer l’immobilisme du gouvernement et des autorités face à ces tragédies toujours plus nombreuses.
Le 6 juillet, on dénombrait déjà 74 victimes depuis le 1er janvier 2019. Dans de nombreux cas, des femmes tuées par un compagnon qui refusait d’avoir été quitté. Ou des coups mortels portés lors d’une dispute. Ce jour-là, certains membres des familles des victimes étaient présents, aux côtés de personnalités et de plusieurs centaines de personnes venues dénoncer la brutalité, l’absence d’écoute et d’accompagnement des femmes qui se sentent en danger, le machisme qui gangrène notre société, le silence autour de ces meurtres. Et surtout, l’inaction du gouvernement qui peine à démontrer sa volonté de mettre en place de réels plans d’action pour éduquer, protéger, dissuader et punir les responsables de violence.

Comment un gouvernement peut agir
Ces derniers temps, c’est l’Espagne qui a beaucoup été citée en exemple dans la lutte contre les féminicides, devenue grande cause nationale dès 2003 sous le gouvernement socialiste de Zapatero. Création de tribunaux dédiés, port d’un bracelet électronique d’éloignement qui permet aux femmes en ayant fait la demande d’alerter les forces de l’ordre lorsqu’elles se sentent mises en danger par la présence d’un compagnon, ou ex-compagnon violent.
La France, championne européenne des féminicides ?
En France, aujourd’hui, le 21 août 2019… Le nombre d’assassinats est porté à 93. Depuis le 6 juillet, 19 femmes supplémentaires ont succombé à la violence d’un mari / compagnon violent, qui s’est senti autorisé à posséder leur existence, leur corps, leurs rêves, leur destinée. Malheureusement, ça n’arrive pas qu’aux autres. Cela se passe dans tous les milieux sociaux, et même chez les ‘gens normaux’ dont vous et moi pensons certainement faire partie. Les chiffres sont si inquiétants que 2019 figure déjà comme l’année qui aura porté la question des féminicides dans les débats sociétaux. Et pour cause, la France serait le deuxième pays européen après l’Allemagne à avoir le fort taux de féminicides…

Aujourd’hui, nous sommes donc invité.e.s à observer 94 secondes de silence, de bruit et de colère pour ces femmes qu’on a pas su protéger. Et aussi, à interpeller, (encore!) nos dirigeants pour multiplier l’attribution d’ordonnances de protection (à l’instar de l’Espagne) et prendre conscience qu’en France, bien que ce soit difficile à admettre, on tue les femmes.